École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales

Pierre Barbéris, enseignant, théoricien et critique littéraire marxiste


avec Gérard Gengembre, Jacques-David Ebguy et Boris Lyon-Caen

séance organisée et animée par Mario Ranieri Martinotti

Pour le 10e anniversaire de la mort de Pierre Barbéris, le SLAC a l’honneur d’accueillir trois invités. Gérard Gengembre, l’un de ses principaux élèves, qui a pris sa suite d’abord à l’ENS de Saint-Cloud puis à l’Université de Caen, nous livrera son témoignage sur l’engagement marxiste et communiste de Pierre Barbéris dans sa façon d’enseigner et de lutter au sein de l’institution universitaire. Il a choisi pour titre « Pierre Barbéris, l’éveilleur ». Jacques-David Ebguy (Université Paris Cité) interviendra sur l’un des ouvrages les plus théoriques de Barbéris : Le Prince et le Marchand. Idéologiques : la littérature, l’histoire (1980). La dernière intervention, de Boris Lyon-Caen (Sorbonne Université), s’intitule « À l’épreuve de Balzac ». Elle se concentrera sur Balzac, une mythologie réaliste (1971) et s’intéressera aux « rhétoriques » de Barbéris.

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Nul autant que Pierre Barbéris (1926-2014) n’a œuvré pour la convergence entre les études littéraires universitaires (histoire littéraire et analyse des textes) et la théorie et la critique littéraires marxistes, qu’il hérite surtout de Georg Lukács. Il fournit au travail universitaire une visée politique et pratique explicite, tournée vers la prise de conscience politique et le progrès social. Rejoignant le PCF en mai 1968, il a traversé le siècle avec une pensée en prise sur les événements. Romantisme et réalisme au XIXe siècle : tel aura été l’un de ses domaines de recherche privilégiés.

Il demeure connu des balzaciens pour sa thèse monumentale intitulée Balzac et le mal du siècle. Une physiologie du monde moderne (1970) et ses innombrables travaux sur Balzac. Pourtant, son œuvre, non rééditée depuis deux décennies, touche aux siècles et aux auteurs les plus divers : Aragon, Beaumarchais, Paul-Louis Courier, Chateaubriand, Fromentin, Hugo, Molière, Péguy, Sainte-Beuve, Mme de Staël, Stendhal, Zola… Mentionnons aussi ses incursions dans les lettres et la politique contemporaines, avec des articles de presse aux titres parlants, tels « Le Général et le mal du siècle » (1969) et « Pompidou, poésie et politique » (1971). L’engagement scientifique et politique de Pierre Barbéris se décline dans de nombreuses polémiques (notamment avec Roland Barthes sur S/Z), dans son activité militante au SNESup et à l’Association française des enseignants de français, dans son enseignement à l’ENS de Saint-Cloud (1961-1972) et à l’Université de Caen (1976-1995), qui a profondément marqué ses élèves.

Quelques références récentes :

Gengembre G., « Pierre Barbéris, lecteur militant », La Vie des idées, 8 mai 2015 : https://laviedesidees.fr/Pierre-Barberis-lecteur-militant. Article écrit un an après la mort de P.B. qui retrace les grandes lignes de son parcours.

Gengembre G., « Le moment Barbéris », L’Année balzacienne, 2023, p. 247-260 : https://www.cairn.info/revue-l-annee-balzacienne-2023-1-page-247.htm. Sur le Barbéris balzacien.

Ebguy J.-D., Lyon-Caen B., David J., « Débat critique. Pierre Barbéris aujourd’hui ? », Romantisme, 2015/2, p. 105-126 : https://www.cairn.info/revue-romantisme-2015-2-page-105.htm. Accompagné d’une riche bibliographie.